Les distributeurs automobiles à la recherche de salariés d’un nouveau genre
0 commentaire Marie MEHAULT
5 nov. 2018Le secteur automobile ne cache plus son besoin de renouvellement pour continuer à se développer et à faire fonctionner son économie, en pleine mutation, confrontée aux problématiques du réchauffement climatique, d’une logistique toujours plus rapide et efficace, et de clients de plus en plus complexes, exigeants, à l’affût de modernité propre et de valeurs nouvelles, des clients aux modes de vie changeants et à la philosophie d’achat très différente des décennies précédentes. Pour renforcer leurs effectifs, mais surtout pour compléter les profils recensés dans leurs entreprises, constructeurs et distributeurs n’hésitent plus à regarder vers d’autres horizons et à recruter des salariés venus d’ailleurs.
« Regarder vers d’autres univers que celui pur et dur du secteur automobile, c’est s’offrir de nouvelles opportunités en matière de talents et de compétences », explique ainsi l’Observatoire des Métiers et des Ressources Humaines du CELSA. « Aujourd’hui, les concessionnaires ont clairement une volonté affichée de recruter des personnels sans aucune expérience dans le monde de l’automobile, mais riches d’autres expériences et d’autres apprentissages. Ils ont conscience que le modèle économique est en train de changer, qu’il va de plus en plus rapidement et de plus en plus sévèrement devoir se confronter à des évolutions drastiques des modes de vie et de consommation pour faire face au réchauffement climatique et aux changements de la société industrielle, et que pour affronter ces défis et se préparer du mieux possible à l’avenir, il est impératif de sortir de ses cantonnements en matière de relation client et de modèle de distribution ».
En clair, les concessionnaires élargissent aujourd’hui leurs recherches, en matière d’embauche, pour essayer de dénicher des recrues capables de répondre aux nouvelles exigences des clients : énergie propre, confort, satisfaction maximale, rentabilité : « nous recrutons aujourd’hui au maximum des personnes qui n’ont pas forcément d’expérience particulière en concession, mais qui ont en revanche un relationnel très poussé avec les clients, une profonde empathie envers l’acheteur, des compétences informatiques et numériques poussées, une connaissance approfondie des réseaux sociaux, des codes de la famille moderne, des styles de vie, du bobo au hipster en passant par les amateurs de luxe absolu, les familles plus modestes et nombreuses mais attachées à leur voiture, etc… », analyse la FFDAI, la Fédération Française des Distributeurs Automobile Indépendants. « Comme partout dans le commerce, internet a paradoxalement remis au centre des relations vendeur-client les valeurs humaines et le savoir-être. Aujourd’hui on peut être commercial chez Dior ou Vuitton et être chassé par une marque automobile, parce que l’essentiel n’est plus tant la connaissance produit que la connaissance client ».
« Autrefois, on demandait à un vendeur en concession de savoir parler technique, performances, mais pas forcément d’avoir de la prestance ou de l’empathie. Aujourd’hui, c’est une tendance de fond : les marques veulent que leurs concessionnaires représentent un panel de valeurs en adéquation avec celles des clients, qui vont davantage acheter à quelqu’un qui leur ressemble et qui les comprend, qui va avoir une conscience écologique et une culture sociale de ses clients, qu’à quelqu’un qui sait parler puissance moteur et nombre d’options… », conclut la FNA, la Fédération Nationale de l’Automobile. « C’est une tendance qui gagne tous les showrooms, les concept stores marques et les concessions. Les embauches vont en priorité aux candidats qui comprennent le principe du phygital, les nouveaux canaux de distribution, la mentalité client de 2018. Nous allons chercher les talents dans tous les secteurs du luxe, que ce soit l’hôtellerie, l’orfèvrerie, la mode, la haute couture… et nous les formons aux spécificités du secteur automobile ».
Une stratégie qui permet aussi de compenser les départs en retraite, nombreux depuis quelques années dans le secteur des concessionnaires automobile, et la perte d’attrait des jeunes pour le métier à la sortie de l’école. Et de redonner aux métiers de la vente dans ce domaine ses lettres de noblesse. Les concessionnaires recrutent à tour de bras en ce moment et offrent plusieurs centaines d’opportunités d’emplois à travers la France : vendeurs, conseillers après-vente, réceptionnistes d’ateliers, commerciaux, spécialistes pièces détachées, techniciens express, directeurs financiers… etc. Le manque d’expérience dans le secteur automobile n’est absolument pas un frein, on l’aura compris. L’état d’esprit, la volonté, la motivation, un regard différent sur le métier, une personnalité, une bonne élocution, une écoute facile, seront en revanche des qualités déterminantes car elles correspondent à l’apport recherché par les recruteurs à la filière. Des cursus de formation de deux à trois mois sont aujourd’hui proposés par la plupart des marques pour leurs nouvelles recrues en concessions.