Distribution : l’absentéisme en hausse, les intérimaires très sollicités
0 commentaire Marie MEHAULT
26 août 2019Le rapport annuel du leader du conseil en ressources humaines, Gras-Savoye Willis Towers Watson a été publié ce lundi 26 août 2019, avec un constat pour le monde du travail : en 2018, l’absentéisme a encore grimpé en France, dans tous les secteurs. Et la distribution est en première ligne, avec des amplitudes horaires importantes et une pénibilité de certaines tâches reconnue.
Après avoir étudié les taux d’absentéisme dans près de 550 entreprise française et plus de 256 000 salariés en 2018, l’organisme a calculé que ce taux d’absentéisme avait augmenté de 3,6% par rapport à l’année 2017. Et + 16% depuis 2014 ! En cause, deux facteurs d’explication : des arrêts maladie de plus en plus longs, et de plus en plus de salariés qui s’arrêtent.
Ainsi, selon les enquêteurs, « la part des salariés ayant posé au moins un arrêt maladie en 2018 a progressé de 8% en 5 ans. De même, la durée moyenne des arrêts maladie a elle aussi progressé de 8%, c’est une donc une progression sensible en seulement 5 ans ». Ces deux indicateurs sont préoccupants, car ils indiquent un nombre croissant de salariés en souffrance et une difficulté de plus en plus élevée à revenir dans le monde du travail après un arrêt maladie. « Si la maladie est bien évidemment le facteur premier, les difficultés organisationnelles comme la surcharge de travail et les difficultés relationnelles internes intensifient le phénomène ».
Reste que le constat varie selon les tranches d’âge des salariés, leur sexe, leur région ou encore, leur secteur d’activité. Toutes les tranches d’âge sont ainsi concernées par cette hausse de l’absentéisme, mais pas forcément dans les mêmes proportions : il augmente de 18% en 5 ans pour les 30-39 ans, de 15% pour les 40-49 ans, de 10% chez les moins de 30 ans et de 9% chez les plus de 50 ans. Il est aussi plus élevé chez les femmes deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes, en raison des arrêts liés à la maternité mais aussi à une moindre résistance aux tâches pénibles. Mais il a augmenté moins vite chez les femmes ces 5 dernières années (+A5%) que chez les hommes (+17%).
Selon l’étude, les disparités sont aussi géographiques : le nord-est du pays est plus touché (25 à 30% au-dessus de la moyenne nationale) que l’Île de France (20% de moins que la moyenne nationale). Des disparités qui varient aussi avec le poste occupé : les cadres, très nombreux en Île de France, font baisser la moyenne de l’absentéisme de cette région, tandis que le taux de postes ouvriers dans le Nord et l’Est de la France, à plus forte pénibilité, font grimper la moyenne dans ces zones géographiques.
Enfin, 3 secteurs d’activités sont particulièrement confrontés à la hausse de l’absentéisme ces 5 dernières années : sur le podium de tête, le commerce et la grande distribution (en deuxième position après la santé) avec 60% des entreprises qui se déclarent touchées par la hausse de l’absentéisme, et un secteur très voisin, et intimement lié à la distribution : le transport et la logistique, avec 59% des entreprises touchées par cette augmentation de l’absentéisme en 2018.
Le résultat, du côté de l’emploi, c’est que le recours aux CDD et à l’intérim a lui aussi très fortement augmenté dans la grande distribution, le commerce, le transport et la logistique la dernière année : car si en moyenne, selon une autre étude, 2 entreprises sur 10 préfèrent répartir la charge de travail sur leurs autres collaborateurs (ce qui est un mauvais calcul puisqu’une surcharge de travail conduit à l’absentéisme, etc…), mais 4 entreprises sur 10 ont plutôt recours à du « renfort » occupé par des CDD, et 4 entreprises sur 10 préfèrent chercher la solution du côté de l’intérim. De fait, les entreprises consacrent chaque année plus de 60 milliards d’euros à pallier l’absence de leurs salariés par l’intérim ou le recours aux CDD.
« L’activité est clairement repartie à la hausse dans toutes les agences d’intérim, toutes régions confondues, en particulier dans les secteurs de la distribution, de la logistique et de l’industrie », explique l’Observatoire du Travail Temporaire. « Dans ces secteurs, on e registre une progression de plus de 30% par rapport à 2014, le dynamisme est très important. C’est vertueux pour les travailleurs intérimaires car ils retrouvent, malgré la précarité du statut, une certaine assurance des lendemains, et surtout ils s’impliquent plus facilement dans le monde du travail, et les entreprises satisfaites les rappellent plus facilement aussi lorsqu’il y a des besoins pour compenser l’absence de salariés permanents». D’après les derniers chiffres du Ministère du Travail, le nombre d’intérimaires recensés au 31 décembre 2018 n’a jamais été aussi élevé depuis le début des années 2000.